Éléa commençait à comprendre ce manque qu’elle avait l’impression d’avoir connu au fond d’elle. C’était son serpent-Lié qui lui manquait.
Elle se retourna vers le jeune homme.
— Éiael est votre prénom n’est-ce pas ?
— Oui Évangéline, Éiael est le mot qui me désigne entièrement intérieurement et extérieurement.
— Euh … je ne me suis jamais appellée ainsi, c’est un drôle de pré…
Elle ne put finir sa phrase, sa grand-mère prit la suite :
— C’est ton prénom, celui qui te désigne intérieurement et extérieurement ma chérie, ça l’est, enfin, plus exactement, ce le serait si tu étais complétée par ton serpent-lié. Il sous-entend que tu es mage et héritière des dons de la Déesse Issira, tu aurais le don de guérison.
Communier nos Âmes, communier nos Corps et nos Cœurs !
Elle s’approcha de l’Arbre, le toucha de ses deux mains, ils se reconnaissaient l’un l’autre, s’acceptaient mutuellement. la Déesse apparut, souriante. Elle lui tendit la même pomme, la pomme du choix d’être guérisseuse ou pas !
Cette fois Éléa la saisit sans hésitation et croqua dedans !
Elle se rendit dans la Grotte-Magnifique, il était là un sourire affiché sur ses lèvres. Elle le savait, il l’attendait en ce lieu alors qu’elle ne comprenait comment le rejoindre. Depuis leur première rencontre, ils n’ont jamais été séparés. Elle vit une lueur brillante au niveau de sa poitrine, un petit serpent se dessina petit à petit, aussi brillant et étincelant qu’une étoile.
Elle savait ce qu’elle devait faire, elle s’approcha de lui, pris sa main gauche avec sa droite, lui rendit son sourire, ferma les yeux et rentra.
Elle rouvrit les yeux dans son monde d’incarnée. S’approcha de lui, mis sa main sur sa poitrine, elle ferma les yeux, ne vit pas le haussements de ses sourcils. Une chaleur agréable et sensuelle sortit de ses mains , puis elle pénétra en lui. Elle rentra son âme profonde, son coeur et tout l’Amour qu’il nourrissait pour elle depuis tant d’années, depuis leur première rencontre.
Elle vit son petit serpent, il sorti de sa torpeur, leva sa petite tête reptilienne, mit en branle son cerveau humain, esquissa un mouvement verticalde la tête en guise de reconnaissance, elle lui répondit de la même façon, il se déroula libérant le palpitant inerte qu’il protégeait au centre de ses anneaux.
C’est le petit serpent qui faisait battre ce coeur en le pressant régulièrement de son étreinte.
Elle savait quoi faire maintenant. Elle approcha, et souffla doucement sur le coeur.
— Bat, toi source de vie, horloge de ce corps fragile mais indispensable au séjour de cet homme sur Terre. Il a du beau à vivre, il doit connaître, découvrir et expérimenter sa vie sur Terre ! Bat !
Une énergie de léthargie sortit du coeur, pénétra par la bouche d’Éléa, circula en elle , explorant chacune de ses parties, puis ressortit changée en énergie vivace, rejoignit le coeur. Le coeur se mit à battre de lui-même !
L’Esprit d’Éléa fut éjecté du corps d’Élaiel.
Elle gisait à ses pieds. Une ombre de peur passa sur le visage du jeune homme, mais il se ressaisit, car il comprit aussitôt ce qu’il s’était passé et quel était le remède.
Elle avait tout pris de l’énergie néfaste qui régnait en son coeur à lui avant qu’elle ne la récupère. Elle avait oublié un tout petit détail, elle avait donné son petit serpent et sa grand-mère avait rattrapé le coup, mais là elle a pris ce qui l’empoisonnait sans penser à lui, lui qui ne désirait aucunement rester sur cette Terre sans elle : qu’elle importance, quel intérêt si elle n’était pas là pour l’accompagner en ce Monde hostile et sans joie sans sa présence à elle ?
Le jour où il la rencontra il avait tout prévu pour mettre fin à ses jours, et elle avait gâché son plan, elle l’avait ramené ! Comment ? Pourquoi ?
Il s’approcha et souffla doucement : « réveil toi en ce Monde et vit mon Amour, Vit ! » Il lui insuffla le souffle qui lui manquait !
le petit serpent, fier, le mordit à la main qu’elle avait pris la première fois. Puis retourna auprès de celle qu’il n’aurait jamais du quitter !