– Allez debout Princesssse, il est largement temps que tu te lèves !
– Hmmm, il est quelle heure … mon réveil n’a pas sonné.
– Sssi ! Il a sssonné. Mais c’est un réveil magique, quand tu lui tapes dessssus, il ssse tait !
– Ouais OK, c’est bon j’ai compris, il est l’heure quoi !
– Oui ! Et n’oublie pas de manger correctement ce matin, le manque de sssommeil c’est déjà pas génial, si en plusss tu ne manges pas, tu ssseras aussi épaisse et belle qu’une mue !
– Très drôle ! À tout à l’heure ! Je coupe le canal le temps de me préparer. Je suis au magasin dans vingt minutes top chrono !
– Vingt minutes ! Tu n’auras pas le temps en sssi peu ….
– Et voilà ! Canal coupé ! Se dit-elle à elle-même.
– Ou lah ! C’est vrai que le manque de sommeil n’arrange pas la peau ni les yeux ! Remarqua Éléa à voix haute devant son miroir.
Elle ferme les yeux, ce concentre et incante en murmurant : » Accompagnez-moi, Issira Déesse-Serpent, pour que ma peau soit belle et douce, que mes yeux paraissent aussi reposés que possible, que mon sourire soit charmeur et charmant, que … «
– C’est bon Éléa, tu es parfaite comme ça ! Mange maintenant, pendant ton petit-dèj. Je vais te raconter une histoire.
Cette phrase avait été dite avec amour, mais dans le silence de sa tête !
– Je t’écoute grand-mère Serpentine, mais il ne me reste à peine 10 minutes !
– Il te reste le temps que tu te donnes ma chérie ! C’est la seule règle ici-bas, la seule loi qui compte : tu as ce que tu te donnes toi-même ! Tu reçois, ce que tu te permets de recevoir, ni plus ni moins !
– C’ est bon, j’ai compris ! J’écoute attentivement. Mais ne me mets pas en retard, rajouta-t-elle en riant.
– la Déesse Issira et son Compagnon, Krô, le Serpent-Dieu.
Une des histoires du style de celles qui ont bercé son enfance et qui la transporte encore aujourd’hui, à l’aube de sa vint-quatrième année passée ici, sur cette terre des hommes incarnés.
Elle ouvrit son journal préféré : « Mythes ou réalité ». Enfin, non, il n’ y a qu’une seule page qui l’intéresse dans ce journal, celle des histoires sur d’hypothétiques animaux chimériques et autres histoires fantaisistes sur des peuples étranges disparus qui lui parlaient particulièrement !
Il y avait un pseudonyme d’auteur qu’elle guettait particulièrement : Adam. La première fois qu’elle a lu un de ses articles, elle avait 7 ans, elle se souvient parfaitement de cette impression qu’il racontait sa vie, qu’il savait et qu’il comprenait !
Elle avait envoyé une de ses illustrations pour accompagner un article de cet auteur, elle ne s’attendait pas à ce que cela aboutisse, mais il fallait qu’elle le fasse ! Lorsqu’elle fut contactée par le directeur du journal, lui proposant une rencontre avec Adam, elle était abasourdie de surprise, se ressaisit, puis accepta.
L’auteur voulait garder son anonymat, et elle aussi, sur insistance de sa grand-mère et de son persifleur préféré ! Cela l’étonna mais ne la choqua pas, elle avait l’habitude de la discrétion notamment quand elle devait rencontrer des personnes ayant, on ne sait par quel moyen, de belles pierres à proposer !
Elle en profitait surtout pour recueillir des informations et se laissait facilement emportée par les histoires et récits et les dialogues des clients de la taverne, qui, ce qui était remarquable pour un tel lieu, étaient la plupart en ce lieu pour des rencontres et des transactions que pour véritablement consommer !
Éléa appréciait ces rituels, ces rappels quotidiens que jour après jour la vie défilait et qu’il était agréable, malgré tout d’être là, accompagnée par ces voix aimantes, chacune à sa manière, autoritaire et rassurante ou aimante et guidant.
Elle savait que le manque qu’elle ressentait perpétuellement continuerait encore et encore à se rappeler à sa Conscience et à son Cœur, mais comme elle ne savait d’où venait ce manque ni pourquoi, que pouvait-elle y faire ? Rien ! Elle supportait cette douleur sans contours ni fondement, elle faisait partie d’elle.